L’Almache au fil du temps
La Mache (ruisseau de Gembes) viendrait du wallon «mélange ». On allait « à la mache », c’est-à-dire au confluent de la Lesse et de l’Almache, non loin de l’hôtel du Moulin de Daverdisse. Affluent de la Lesse, ce cours d’eau coule des jours tranquilles et draine avec lui un passé riche en histoires et légendes. L’Almache est une petite rivière sinuant entre deux coteaux dont les expositions opposées sont déjà une source de richesse au point de vue végétation. Son parcours sinueux sépare des plaines et des versants escarpés, longe des pessières, chatouille les racines des aulnes formant à certains endroits une magnifique forêt-galerie, parfois à l’étroit entre deux falaises, s’étalant souvent sur les berges des prairies. Un merveilleux parcours à explorer. La vallée de l’Almache fait aussi partie de la zone de protection ornithologique de Daverdisse. Ainsi, on peut y voir le martin-pêcheur, le grimpereau des bois, etc.
Le canal d’irrigation
De Daverdisse à Gembes, l’Almache a fait son lit entre un versant gauche exposé au nord et un versant droit exposé au sud. Ces deux expositions extrêmes offrent deux types de boisement : au nord principalement des hêtres et au sud surtout des chênes. Le long des berges on retrouve des aulnes et deci-delà des sapinières. En différents endroits de larges plaines bordent la rivière. Ce qui a permis aux agriculteurs de disposer de prés de fauche.
Pour obtenir jusqu’à trois fauches par été, il fallait irriguer. On retrouve des traces très visibles des canaux d’irrigation situés à flanc de coteau sur chaque rive. Un premier canal, celui qui amenait l’eau au moulin de Gembes part du Pont des Gades. Ce magnifique pont de Gembes, comprend deux arches pour laisser libre cours à la rivière, une troisième archelle guide une partie du cours d’eau vers le moulin. En aval, sur l’une et l’autre rive s’amorcent des biefs d’irrigation. Le tracé de ces canaux est ingénieux : surplombant bois, champs et prairies, une très légère pente permet un écoulement en douceur.
C’est ouvrage d’art ne s’est pas fait sans difficulté. A certains endroits, il a fallu percer un éperon rocheux de plus de deux mètres de haut sur cinquante centimètres de large. L’eau s’écoulant dans le canal, il fallait provoquer des débordements afin que les eaux entraînent les alluvions vers les champs et les fertilisent. Des chemins de vidange
Pour provoquer ces débordements, chaque agriculteur avait le droit, à des jours précis et à des heures précises, d’arrêter l’écoulement des eaux en barrant le canal à la lisière du pré, ce qu’il faisait avec du gazon. Il a été également nécessaire de tracer des chemins de vidange pour permettre de récupérer le foin provenant des différentes fauches. Ces chemins ne pouvaient en aucun cas entraver le canal.
Afin que celui-ci soit régulièrement approvisionné en eau, on retrouve encore à certains endroits des grosses pierres qui ont été placées dans l’Almache de manière à dériver une partie des eaux vers le canal.
Les canaux existaient déjà au moment de la construction du pont de l’Ermite, malheureusement en ruine aujourd’hui. Preuve en est que les constructeurs avaient aménagé, sur la rive droite, un passage muré et couvert permettant l’écoulement des eaux.
Lors de la construction du pont du tram (début des travaux vers 1893), inauguré en 1908, le bief était toujours en usage puisque le même passage a dû être aménagé.
Presque toutes les prairies de fauche ont disparu, une seule prairie à gardé sa fonction première, elle est encore fauchée et est utilisée l’été par des camps scouts.
Outre cette activité agricole, il existait une activité industrielle dans la vallée de l’Almache dont on trouve encore aujourd’hui, des traces : les hauts-fourneaux, la métallurgie et les métiers annexes et notamment les faudeurs qui fabriquaient le charbon de bois. Une vallée à protéger Se promener le long de l’Almache c’est aller à la rencontre de son histoire. Il existe des passerelles et des ponts permettant des itinéraires variés passant d’une rive à l’autre ; quelques points de repaires, ou encore une notice explicative permettraient au promeneur de découvrir les aspects biologique, historique, esthétique et légendaire de cette riche vallée. |